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Enfant et Covid-19 : confirmation des données rassurantes

La Revue du Praticien 22 mars 2020

Les premières études rapportées de Chine sont plutôt rassurantes sur le faible pourcentage d’enfants contaminés par le SARS-CoV-2, avec dans la majorité des cas des formes décrites comme paucisymptomatiques ou peu sévères. C’est un constat qui était déjà fait lors des précédentes épidémies de SARS-CoV-1 en 2002 et MERS-CoV en 2013.

Des pistes physiopathologiques ont été étudiées : l’immaturité du système respiratoire de l’enfant et son immunité plus développée au contact d’autres virus respiratoires pourraient avoir un effet protecteur, par rapport aux adultes plus sévèrement touchés.

Quels tableaux cliniques chez l’enfant ?

Une revue récente de 72 314 cas par le Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies a montré que seulement 2 % des cas concernaient des enfants et adolescents de moins de 19 ans (1 % pour les enfants de moins de 10 ans). Il n’y avait aucun décès chez les enfants de moins de 9 ans.

Une première étude rétrospective chinoise donne une description clinique des 2 143 premiers cas pédiatriques (âge médian 7 ans) répertoriés entre le 16 janvier et le 8 février, soit parce qu’ils avaient des signes cliniques compatibles, soit parce qu’ils avaient été en contact avec des sujets malades ou venaient d’une zone exposée. Seul un tiers d’entre eux étaient des cas confirmés (731 cas) ; 94 enfants étaient asymptomatiques (prélèvements systématiques du fait d’un contage). Dans 94 % des cas la maladie était peu sévère. Parmi les 112 cas sévères (détresse respiratoire avec saturation en oxygène < 92 %), 60 % avaient moins de 5 ans et 30 % moins de 1 an ; parmi les 13 cas critiques (syndrome de détresse respiratoire aiguë et/ou défaillance d’organe) 7 avait moins de 1 an. Un enfant de 14 ans est décédé. Il n’y a pas de données sur les comorbidités éventuelles des enfants.

Les enfants les plus jeunes semblaient donc les plus vulnérables avec un pourcentage de formes sévères de 5,9 % (vs 18 % chez l’adulte).

Une correspondance plus récente (NEJM 18 mars) rapporte les données cliniques de 171 enfants confirmés pour le Covid-19, et pris en charge dans le centre pédiatrique référent de Wuhan. La fièvre est inconstante (41 % des cas) ; les signes cliniques aspécifiques avec toux, érythème pharyngé, signes digestifs (vomissements, diarrhées), asthénie. Plus étonnant, 12 patients asymptomatiques ont des signes radiographiques de pneumonie. Les 3 patients en soins intensifs avaient tous un terrain fragilisant ; un enfant de 10 mois est décédé.

L’enfant serait-il mieux protégé que l’adulte ?

Une des pistes avancées serait que l’enfant soumis, en particulier en période hivernale, à de nombreux virus respiratoires (virus de la grippe, virus Parainfluenza, adénovirus, virus respiratoires syncytial, rhinovirus), développerait un taux d’anticorps plus important pouvant agir de façon croisée avec les coronavirus, lui conférant ainsi une certaine protection.

L’autre hypothèse est liée à la particularité du système respiratoire des enfants qui, encore immature, possède moins de récepteurs à l’enzyme de conversion de l’angiotensine-2 (ACE) nécessaire à la fixation du virus et à sa pénétration en particulier dans les poumons (la protéine S du SARS-CoV‐2, comme dans le SARS‐CoV-1, est principalement responsable de la liaison aux récepteurs ACE de l’hôte infecté).

Une revue récente comparant les situations cliniques chez l’enfant dans les principales infections à coronavirus, dont le SARS-CoV-1, le MERS-CoV et l’épidémie actuelle, conforte ce sentiment que l’enfant serait plus protégé que l’adulte. Mais il n’en reste pas moins un probable vecteur de transmission, et cela même en l’absence de symptômes.

Terki Hassaïne

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