Bulletin supplémentaire Mars 2020
Mise au point sur le COVID-19 en pédiatrie
Infovac-France, AFPA, SFP, GPIP, SOFREMIP
Mise à jour : 21 mars 2020
L’apparition d’un nouveau coronavirus, le SARS-CoV-2, en Chine en décembre 2019 est à l’origine d’une pandémie d’une maladie appelée COVID-19, source d’inquiétudes, parfois justifiées mais parfois aussi démesurées. Des informations épidémiologiques nationales et mondiales journalières sont accessibles sur les sites de Santé Publique France, de la Direction Générale de la Santé, de l’ECDC, de l’OMS, du CDCaméricain, du John Hopkins Institute.
De
nombreuses études scientifiques sont publiées quotidiennement dans les plus grand journaux médicaux (New England
Journal of Medecine, Lancet, JAMA, Pediatrics, Pediatric
Infectious Diseases…) et souvent en accès libre.
Ces sites offrent une information complète et objective,
contrastant avec certaines déclarations médiatiques intempestives. La situation, récente et évolutive, suscite
notamment encore beaucoup d’interrogationsconcernant la pyramide de la maladie : proportion de sujets
asymptomatiques, pauci-symptomatiques, de sujets symptomatiques mais peu sévères, de sujets nécessitant
des hospitalisations pour des raisons médicales, de
sujets justifiant une hospitalisation en réanimation, de décès. En l’absence
d’un diagnostic sérologique fiable, il est impossible de connaitre
précisément la forme de la pyramide de l’infection due au Sars-CoV-2.
Enfin, d’autres
clarifications scientifiques devront concerner :
• L’importance
relative des divers modes de transmission, y compris le degré d’implication des
gouttelettes, des aérosols, des objets et surfaces ; la
connaissance des modes de transmission est essentielle pour le contrôle et la prévention ainsi que pour
une utilisation optimale des équipements de protection,
• La place des
infections asymptomatiques dans la transmission,
• Enfin, la réponse
immunologique à l’infection pour contribuer au développement de vaccins et de traitement.
De nombreuses incertitudes existent encore et expliquent que
les mesures proposées peuvent varier d’un jour à l’autre en fonction du suivi de l’évolution quotidienne de
la situation et de l’état des connaissances. De plus, leur application sur le terrain apparait parfois comme
contradictoire ou à contre temps.
En pratique, voici en quelques lignes, quelques repères :
1) La pandémie est bien
réelle, impactant gravement le système de santé, et le
fonctionnement quotidien de nos sociétés.
2) Comparer le SARS-CoV-2 aux virus de la grippe a des
limites de plus en plus évidentes.
a. Le risque de formes graves ou de décès est plus important
que celui engendré par les grippes saisonnières, mais
assez proche de celui des grippes pandémiques (taux de mortalité estimé à
1% pour COVID-19, 0.6% pour la pandémie grippale de 1957 et
2% pour celle de 1918). Il est cependant bien
moindre que celui qui était rapporté pour SARS-CoV-1 ou le MERS-CoV. Le
risque de formes graves ou de décès est très dépendant de
l’âge et des comorbidités : quasiment nul chez les enfants et adolescents, beaucoup plus élevé dès l’âge de 60 ans.
b. Le virus est plus contagieux (R0 entre 2 et 3) que celui
de la grippe saisonnière (R0 entre 1 et 2) et bien plus que
le SARS-CoV-1 ou le MERS-CoV.
c. En l’absence de vaccin et de traitement antiviral efficace
(oseltamivir) comme pour la grippe, la seule prévention
repose sur les mesures barrières qui ont pour objectif de réduire la
propagation de la maladie.
3) Il existe des porteurs de SARS-CoV-2 sains, ou pour le
moins pauci-symptomatiques, qui pourraient être contagieux, mais probablement moins que les patients
malades. En effet, le virus se transmet essentiellement,
mais non exclusivement, par les grosses gouttelettes émises, certes, en
parlant, mais surtout en toussant et en éternuant. La période
d’incubation moyenne pour les formes symptomatiques est 5 à 6 jours (extrême 1 à 14 jours). Les formes graves de
pneumopathie du COVID-19 n’apparaissent généralement que
dans la deuxième semaine après l’apparition des premiers signes cliniques.
La période de contagiosité est estimée à 11 ± 4 jours et
semble débuter 2 à 3 jours avant les premiers symptômes.
4) Du fait que le virus soit essentiellement transmis par les
grosses gouttelettes, le risque de contamination par voie aérienne est estimé comme quasi-nul au-delà de 1 à 2
m. En revanche, une transmission est possible par les
mains et les objets (le virus pouvant survivre quelques heures sur les surfaces)
d’où l’importance de l’hygiène des mains et des
surfaces.
5) Le port de masque chirurgical est inutile pour les sujets
non malades si une distance suffisante peut être maintenue (comme dans la rue par exemple). En revanche,
le masque est fondamental pour diminuer la
contagiosité des patients infectés. De plus, il est utile pour se protéger dans
toutes les situations de proximité, comme celles nécessaires
pour les soignants à condition d’en changer au moins toutes les 4 heures. Certes, l’efficacité du masque
chirurgical n’est pas garantie à 100%, mais il est bien plus facile à ajuster et à supporter que les masques
FFP qui ne sont à utiliser qu’en présence d’un cas avéré ou fortement suspect.
6) Les objectifs de ces mesures barrières sont d’une part de
diminuer la quantité de virus inhalés (pour beaucoup d’infections, la gravité de la maladie est
influencée par la quantité d’agents pathogènes contaminants) et d’autre part de ralentir la propagation de
la maladie. Ceci devrait permettre aux services de santé
et à la société de se préparer à lutter contre l’extension de l’épidémie et de
mieux caractériser COVID-19 pour guider les
recommandations de santé publique, le développement et le déploiement de contre-mesures médicales (y compris les
diagnostics, les thérapeutiques et les vaccins). Le
confinement imposé depuis le 17 Mars 2020 à l’ensemble de la population
française ne
pourra avoir un impact sur les patients les plus sévères que
dans une quinzaine de jours vu le délai observé entre la contamination
et les pneumopathies graves.
7) Enfin, on peut espérer que la belle saison diminuera la
circulation du virus comme c’est le cas pour beaucoup de maladies virales respiratoires. Une autre
hypothèse est que le Sars-CoV-2 circule de nouveau en automne dans l’hémisphère nord après avoir circulé
dans l’hémisphère sud pendant l’été.
Quelques mots sur les coronavirusLes coronavirus (CoV) sont une grande famille de virus à ARN
à un seul brin, enveloppés, touchant à la fois l’homme et différentes espèces animales.
Quatre CoV circulent couramment parmi les humains :
HCoV2-229E, -HKU1, -NL63 et -OC43. Ils ont été souvent isolés chez des sujets asymptomatiques mais ils sont
aussi susceptibles de provoquer des symptômes
respiratoires et gastro-intestinaux. Ils circulent essentiellement en hiver et
au début du printemps. Cependant, les CoV peuvent rapidement
muter et se recombiner pour donner naissance à de nouveaux CoV capables de se propager des animaux aux humains.
Un nouveau coronavirus responsable du syndrome
respiratoire aigu sévère (SARS-CoV) était apparu en 2002 en Asie, un deuxième
au Moyen
orient (MERS-CoV) en 2012, et depuis 2019 (SARS-CoV-2) qui
provoque la grave pandémie actuelle (appelée COVID-19).
Chez l’homme, les CoVs provoquent principalement des symptômes respiratoires et
gastro-intestinaux.
Robert Cohen, Catherine Weil-Olivier, Georges Thiebault,
Olivier Romain, Philippe Minodier, MarieAliette Dommergues, Jeremy Cohen,
Didier Pinquier, Christèle Gras le Guen, Toubiana Julie, Gaudelus
Joel, Elise Launay, Yves Gillet, Mathie Lorrot, Romain
Basmaci, François Vie Le Sage, Véronique Hentgen et
l’ensemble des experts InfoVac, de l’AFPA, du GPIP, de la SFP et de la SOFREMIP